Shraga
Blum
Publié
30 Octobre 2014
Le silence assourdissant de la communauté internationale après l’attentat du tramway de Jérusalem qui a fait deux morts - dont un bébé de trois mois - tranche de manière criante avec les réactions irrationnelles entendues à peine quelques jours plus tard suite à l’annonce de projets de construction dans la même ville.
C’est en profondeur qu’il faut chercher ce qui pousse les Etats-Unis et l’Union Européenne à protester de manière aussi énergique et automatique à chaque fois que les Juifs annoncent qu’ils veulent construire des maisons dans leur capitale historique, alors que ces mêmes pays sont restés silencieux lorsque deux êtres innocents étaient volontairement fauchés par un terroriste imbibé de haine antisémite.
Si Washington et les capitales européennes condamnaient chaque construction dans des territoires disputés dans le monde entier, on pourrait, à la rigueur, croire en leur bonne foi.
Mais il faudrait pour cela créer dans tous ces pays des Ministères "des-condamnations-de-constructions-en-zones-disputées", avec des fonctionnaires à plein temps!
Mais en l’occurrence, la mauvaise foi, l’hypocrisie et la méchanceté suent par tous les pores. Même le Conseil de Sécurité se réunit en urgence spécialement pour cela alors que les pays arabes au Proche-Orient sont à feu et à sang. Il n’existe aucun cas similaire au monde. Et c’est précisément l’Etat juif qui est visé. Hasard, hasard…
L’Occident vieillissant perd peu à peu ses repères et ses valeurs. Et malgré tous les problèmes auxquels il est confronté, il estime qu’il a tout de même assez de temps libre pour suivre au microscope la politique cadastrale du petit Etat d’Israël.
De manière inconsciente, par son attitude, il condamne les pulsions de vie des Israéliens tout en justifiant tacitement les pulsions de mort de leurs ennemis. Le conflit qui se joue au Proche-Orient exprime aujourd’hui ce combat entre deux cultures : produire, développer, inventer, innover, bâtir, planter contre détruire, saccager et semer la mort. Dans cette configuration, Israël est résolument du côté de la vie. "Nous aimons la mort autant que vous aimez la vie" disent fréquemment les chefs terroristes arabes palestiniens aux Israéliens pour bien marquer leur "originalité". Une phrase surréaliste pour un esprit moderne et rationnel et que les Occidentaux commencent à comprendre dans leur propre chair.
Et pourtant, dès qu’il s’agit d’Israël les vieux réflexes sont de retour : les assassins deviennent des "combattants de la liberté" et les bâtisseurs sont accusés d’être un obstacle à la paix".
Construire des logements dans la ville qui est depuis plus de 3.000 ans la capitale du peuple juif est un signe de vie, de renaissance, une bouffée d’oxygène nationale, après 19 siècles d’absence. Construire à Jérusalem est sans doute l’un des signes les plus tangibles et symboliques des retrouvailles du peuple juif avec sa terre. Depuis 2000 ans, trois fois par jour, dans les prières juives, les fidèles récitent "Tu es béni, D.ieu, qui ramène les exilés de Ton peuple Israël" et "Tu es béni D.ieu qui reconstruit Jérusalem".
Ces prières composées depuis la nuit des temps s’exaucent sous nos yeux tout comme les prophéties bibliques. Merveilleux !
Et nous devrions cesser tout cela parce que des dirigeants américains, britanniques, belges, français ou espagnols nous le demandent ? Il est vrai qu’ils ont un alibi de taille : la gauche et les principaux médias israéliens qui les devancent et les encouragent dans leur opposition avec leur sempiternel "ce n’est pas le moment opportun pour construire ». Le Premier ministre Benyamin Netanyahou, dans son discours d’inauguration de la session parlementaire d’hiver a eu raison de placer cette gauche face à son hypocrisie : « Lorsqu’on vous écoute depuis des années, ce n’est jamais ni le lieu ni le moment pour construire à Jérusalem ».
Il y a 20 ans, un rabbin français avertissait qu’un jour, les Etats-Unis, grand alliés d’Israël, se retourneraient contre lui à propos de la question de Jérusalem, car la souveraineté juive retrouvée sur Jérusalem est une situation insupportable tant pour l’Occident chrétien que pour l’Islam.
Nous y sommes, et c’est là, à mon avis, la raison réelle, enfouie, subconsciente de cette hyperréactivité de la communauté internationale à la moindre annonce de projet de construction dans la capitale israélienne. Le choix du terme de « provocation » n’est pas gratuit dans la terminologie de la communauté internationale. La création de l’Etat d’Israël en 1948 et plus encore; la libération du berceau historique et de la capitale en 1967 furent autant de "provocations" pour tous ceux qui pensaient que la "question juive" était en passe d’être "résolue".
Jérusalem n’a jamais été la capitale d’un autre Etat ni d’un autre peuple; et Jérusalem n’a jamais été autant au cœur des préoccupations du monde que depuis que ses propriétaires légitimes y sont revenus. Durant les 19 ans d’occupation jordanienne de la ville, entre 1948 et 1967, jamais il n’a été question de faire de Jérusalem une "capitale palestinienne".
A nous, ses légitimes propriétaires, de protéger et développer notre capitale pour le bien de tous ses habitants, en dépit des critiques et des condamnations malveillantes dont nous sommes sevrés.
Jérusalem n’est pas seulement la capitale d’Israël, elle est aussi le capital le plus précieux pour tout le peuple juif.
Shraga Blum est un journaliste indépendant qui contribue à l'hebdomadaire "P'tit Hebdo" et un analyste politique pour plusieurs sites internet en français
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