Deux évènements se sont produits, l'un à Moscou, l'autre dans le Golfe, qui pourraient être les déclics d'un affrontement généralisé.
La Russie a conduit ses premières frappes en Syrie le mercredi 30 septembre 2015. (Capture d'écran/RTBF)
L'Histoire
retiendra peut-être, à Dieu ne plaise, que le troisième conflit mondial
a débuté, à bas bruit, mercredi 30 septembre 2015.
En 1914, tout a commencé un 28 juin par l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc d'Autriche. A l'époque, évidemment, personne n'avait imaginé que cet attentat, perpétré loin des grandes capitales, allait conduire à la boucherie de la Grande Guerre. C'est le jeu des alliances et l'irresponsabilité des "somnambules" qui gouvernaient alors les grandes puissances qui ont entraîné le monde vers l'abîme.
Pourquoi une comparaison avec aujourd'hui ? On a appris, ce 29 septembre, deux nouvelles apparemment peu graves mais qui, combinées, pourraient être la double étincelle d'une déflagration que beaucoup redoutent depuis quelques temps. De quoi s'agit-il ?
Il se produit dans une atmosphère particulièrement tendue entre les deux pôles de l'Islam. Téhéran a violemment reproché aux Saoud, gardiens autoproclamés des Lieux Saints, de ne pas assurer la sécurité de base des pèlerins à la Mecque. Une accusation gravissime en ces périodes d'affrontement entre Chiites et Sunnites.
Les deux coalitions, qui ont, sur plusieurs points, des objectifs totalement opposés, risquent de se retrouver face à face. Il semble, d'ailleurs, que les bombardements russes de ce jour aient déjà touché une position de rebelles soutenus par les Etats-Unis - une information qui n'est pas encore confirmée.
Évidemment, ce scénario catastrophe n'est pas sûr. Il n'est pas écrit que les gouvernants actuels soient des "somnambules", qu'ils n'empêcheront pas le conflit militaire de s'étendre au delà de la Syrie et de l'Irak. Mais certains acteurs de cette partie sont tellement à cran qu'on ne peut l'exclure tout à fait.
Vincent Jauvert
En 1914, tout a commencé un 28 juin par l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc d'Autriche. A l'époque, évidemment, personne n'avait imaginé que cet attentat, perpétré loin des grandes capitales, allait conduire à la boucherie de la Grande Guerre. C'est le jeu des alliances et l'irresponsabilité des "somnambules" qui gouvernaient alors les grandes puissances qui ont entraîné le monde vers l'abîme.
Pourquoi une comparaison avec aujourd'hui ? On a appris, ce 29 septembre, deux nouvelles apparemment peu graves mais qui, combinées, pourraient être la double étincelle d'une déflagration que beaucoup redoutent depuis quelques temps. De quoi s'agit-il ?
1Iran-Arabie, le ton monte très vite
D'abord, l'Arabie saoudite aurait arraisonné aujourd'hui deux navires battant pavillon de son ennemi intime, l'Iran. Les bateaux étaient, semble-t-il, remplis d'armes à destination des rebelles outhistes du Yémen que Riyad combat militairement. Cet arraisonnement est à l'évidence un acte hostile, si ce n'est de guerre.Il se produit dans une atmosphère particulièrement tendue entre les deux pôles de l'Islam. Téhéran a violemment reproché aux Saoud, gardiens autoproclamés des Lieux Saints, de ne pas assurer la sécurité de base des pèlerins à la Mecque. Une accusation gravissime en ces périodes d'affrontement entre Chiites et Sunnites.
2Poutine est entré en guerre en Syrie
Ce n'est pas tout. Ce mercredi 30 septembre, Vladimir Poutine a fait voter par son parlement fantoche une loi l'autorisant à mener une opération armée en Syrie. Son aviation a déjà commencé à bombarder à Homs. Or, on sait que, sur le terrain, les Russes seront alliés au régime de Bachar et, surtout, aux Iraniens. Tandis qu'en face, Occidentaux et pays sunnites du Golfe mènent leurs propres opérations.Les deux coalitions, qui ont, sur plusieurs points, des objectifs totalement opposés, risquent de se retrouver face à face. Il semble, d'ailleurs, que les bombardements russes de ce jour aient déjà touché une position de rebelles soutenus par les Etats-Unis - une information qui n'est pas encore confirmée.
Hubris et bras de fer
Quoi qu'il en soit, la crainte est donc de voir le Kremlin, tout à son affirmation extérieure pour faire oublier la déroute économique interne, et Téhéran, pris par l'hubris qui a suivi l'accord nucléaire de juillet, de tester au maximum la volonté de l'autre camp. Et de voir les Saoudiens, effrayés par la montée de l'ennemi mortel chiite, entraîner ses alliés, dont la France, dans un bras de fer sans fin, qui pourrait gravement dégénérer.Évidemment, ce scénario catastrophe n'est pas sûr. Il n'est pas écrit que les gouvernants actuels soient des "somnambules", qu'ils n'empêcheront pas le conflit militaire de s'étendre au delà de la Syrie et de l'Irak. Mais certains acteurs de cette partie sont tellement à cran qu'on ne peut l'exclure tout à fait.
Vincent Jauvert